Festival Sylla FOREVER : Bamako veut rendre hommage à feu Sory Ibrahima Sylla de «Syllart Production»

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Bamako abritera les 10, 11 et 12 novembre 2023, la 1ère édition du festival Sylla FOREVER à l’ESPLANADE du CICB. Cette première veut rendre un vibrant hommage à feu Sory Ibrahima Sylla, producteur de musique africaines.

« Le meilleur hommage que l’on puisse rendre à Sory Ibrahima Sylla, est d’immortaliser et magnifier son héritage », dixit Mamadou Samassa de « Samassa Records », l’initiateur du festival Sylla Foresver. C’était lors d’une rencontre avec les Hommes de Médias, des artistes musiciens tels que Abdoulaye Diabaté, Djéneba Seck, Idrissa Soumaoro et des producteurs et managers comme Mamadou Keita, Modibo Niazon Traoré. Au cours des échanges, toutes et tous ont témoigné de la bonne volonté de feu Sylla, de sa bonté, de sa sagesse, de son sens d’humanité, de son aide inconditionnelle à l’endroit des artistes et ses autres collaborateurs. C’était le 16 août 2023 à l’hôtel de l’Amitié de Bamako.  « On n’oubliera jamais ce que Sylla a fait pour nous. On ne peut pas dire tout le bien qu’il a fait pour les autres », ont-t-il dit avec tristesse.

Mamadou Samassa de « Samassa Records » fut l’un des plus proches de Sylla. Il l’a côtoyé jusqu’à la mort. En reconnaissance de cette amitié sincère et sans tâche, il a décidé d’immortaliser l’homme, en lui rendant hommage au cours d’un festival qu’il a appelé « SYLLA FOREVER » prévu pour se tenir les 10, 11 et 12 Novembre 2023 sur l’ESPLANADE du CICB de Bamako pour sa première édition. En associant tous les artistes produits par Sylla, sans sponsors, sans partenaires pour le moment, sans soutien quelconque, il a réalisé un film documentaire sur Sylla qu’il voudrait faire participer au dernier FESPACO, écrit un livre qu’il souhaiterait publier à la veille de ce Festival qui sera le dernier acte de la reconnaissance et de l’hommage d’un “Petit’’ de Sylla à Sylla. « SYLLA FOREVER » poursuivra son chemin au Sénégal, en Guinée, au Congo à la rencontre de tous ces artistes que SYLLART a produits. « 1956-2013 : 58 ans pour produire plus de 1300 albums !!! On avait comme l’impression qu’il était pressé de remplir une mission, sa mission et pour partir. La bonne sauce ne dure pas dans la marmite. Maestro : dors en paix. Tu as joué ta partition », a-t-il déclaré.

En 33 ans Ibrahima Sory SYLLA a produit près de 1300 albums, et crée le super Groupe “Africando”. Les artistes produits par Sylla sont d’horizon divers, on a : le Mali, la Guinée, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cap Vert, le Congo. Prendrons part à ce festival, les artistes tels que : Yondo Sister, Baba Mall, Sékouba Bambino et bien d’autres. Tous ont été produits par Sory Ibrahima Sylla.

Qui est feu Sory Ibrahima Sylla ?

Sylla Sory Ibrahima est né le 15 Janvier 1956 à Abidjan en Côte d’Ivoire dans la commune de Treichville. Il est le croisement d’un père Diakanké de Télimélé, République de Guinée, réputé pour un très grand leader religieux musulman de la Confrérie des Tidianes, et d’une mère Fanta Traoré, Bamanan du Mali, native de Koulikoro. Entre 13 et 14 ans, Sylla est envoyé par son père au Tchad pour parfaire ses études théologiques dans une école coranique. Comme il le déclarait lui-même : « Alors que j’étais en classe de 4ème Année, mon père a décidé de me retirer de l’école, pour m’amener au Tchad où j’ai passé un an pour approfondir mon éducation coranique. J’étais alors un jeune dakarois privilégié, imbu de sa personne, qui se faisait conduire à l’école en Mercédès. Mon père a voulu casser mon orgueil et me ramener à la réalité. Il m’a inculqué l’humilité, le partage. Il m’a fait voyager avec lui au Cameroun, au Zaïre, en Centrafrique, au Togo, au Bénin. Au Sénégal, je ne connaissais que les musiques afro-cubaines et la Soul américaine et je prenais pour des sauvages ceux qui n’écoutaient pas ces musiques- là».

En voyageant quatre ans avec mon père, j’ai compris qu’il y avait autre chose. J’ai découvert d’autres cultures. C’est donc à 21 ans que Sylla quitte le Sénégal pour poursuivre ses études universitaires à la Faculté de Tolbiac à Paris en France. Il y a étudié l’économie et la gestion. Passionné de musique, à son retour au Sénégal, il dût envoyer le griot de la famille pour convaincre le pater familias de s’essayer à la production musicale qui attendait de son fils d’être un Expert-Comptable, un financier dans les grandes institutions bancaires et financières. Cette incompréhension et cette réaction du père vont faire fuir Sylla-fils du domicile paternel. Pendant quatre 4 ans c’est sa sœur Binetou qui lui donna l’asile et le réconfort moral et matériel. Sylla s’est lancé à corps perdu dans la production, cette profession qu’il a choisie délibérément contre le gré de son père. Mais sa détermination pût convaincre son père de le laisser s’adonner à sa passion. Il débuta sa carrière comme assistant dans le studio « Golden Baobab » de Francis Senghor, fils du Président Léopold Sédar Senghor. C’est en 1981 que Sylla décida de créer son propre label dénommé « Syllart Production ». Ce qui fit le départ d’une carrière prolixe- riche. Il produit les albums de l’orchestre Baobab, d’Ismaël Lô. Puis il vint s’installer à Paris en 1983 et fait ses premier pas dans un magasin de disques : « Kubaney Musique », rue de Rocroy dans le 10ème arrondissement.

Pour réussir son challenge Sylla a deux principes : ne signer de contrat avec un artiste que pour un seul album, faire évoluer la musique, changer les habitudes et ne pas faire ce que tout le monde fait. Avant l’enregistrement d’un album Sylla cherche toujours à en connaître la conception artistique. Il laisse faire l’artiste pendant les prises et vient toujours à la fin pour assister au mixage et ce qui ne dérangeait point les musiciens au contraire ils appréciaient son implication dans le mixage. Et pourtant il ne savait ni lire, ni écrire la musique et ne savait jouer à aucun instrument. Son appréciation de telle ou telle mélodie comptait beaucoup. Ce qui a fait croire à beaucoup de musiciens que c’est la force des gris-gris de son père qui était à l’origine de sa maîtrise de la musique. Il n’en était rien en réalité. Mais c’est à force d’écouter beaucoup de musiques qu’il a fini par comprendre. C’était pour lui un DON. Il était jaloux de toutes les musiques qu’il enregistrait et sa grande satisfaction comme il dit lui-même, c’est d’être « le premier et le seul » à pouvoir écouter l’album. Il y a investi de son argent, de son temps et c’était pour lui comme une maison qu’il venait de bâtir dans laquelle il devrait s’installer. Et si le son est bien, tout est net, tout est clair : c’est la musique, c’est un voyage dit-il. Pour Sylla l’Afrique est un vaste continent avec de multiples pays, des milliers d’ethnies, de races et de langues. Il a essayé d’UNIR ET DE RASSEMBLER AUTOUR DE LA MUSIQUE et c’était sa façon de contribuer à l’organisation de l’unité africaine. Père de 5 enfants, il a travaillé avec les plus grands arrangeurs du monde : Boncana Maïga par exemple avec lequel il a fait arranger la musique du groupe “Africando’. Il a fait le tour du monde à la recherche de musiciens et de musiques.

Bintou COULIBALY