Faire le point sur l’état d’avancement de la deuxième phase du Programme de réhabilitation du patrimoine culturel et de sauvegarde des manuscrits anciens du Mali, Phase II, examiner et évaluer les activités réalisées ou en cours et formuler des recommandations pertinentes pour l’atteinte des objectifs du Programme. Ce sont-là, les différents points inscrits à l’ordre du jour de la réunion du Comité de pilotage du « Projet de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine culturel au Mali ».
Le jeudi 5 novembre 2020, Mme Kadiatou Konaré, Ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, a présidé dans la salle de Conférence de son Département, la réunion du comité de pilotage du projet de Sauvegarde et de Mise en valeur du Patrimoine culturel du Mali.
Pour la circonstance, Mme le ministre avait à ses côtés Edmond Moukala, Chef du Bureau et Représentant de l’UNESCO au Mali et Bart Ouvry, Ambassadeur de la Délégation de l’Union Européenne au Mali.
Edmond MOUKALA, Chef du Bureau et Représentant de l’UNESCO au Mali, a estimé que cette réunion du Comité de Pilotage vise à lancer officiellement les activités, présenter et échanger sur les progrès réalisés, les difficultés rencontrées également les perspectives de consolidation, de l’efficience et de l’efficacité de ce Projet dans une approche participative.
Il a rappelé que l’initiative est financée par l’Union européenne à hauteur 500 000 EURO pour une durée de 12 mois. Selon lui, le contrat de subvention a été signé en novembre 2019 et les activités ont démarré en janvier 2020. « La mise en œuvre d’activités est assurée par l’UNESCO et le ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme en partenariat les communautés des sites et les organes consultatifs », a-t-il déclaré.
Il a rappelé que le riche patrimoine culturel dans ses composantes matérielles et immatérielles, qui constitue un élément fédérateur auquel s’identifie l’ensemble des groupes ethnolinguistiques du Mali est malheureusement de plus en plus soumis à des menaces tout comme beaucoup de pays africains (destruction, dégradation liée au manque d’entretien, pillage, trafic illicite,…). Selon lui, ce phénomène a été exacerbé par le conflit armé dans les régions du Centre et du nord du pays, qui abritent également les quatre sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO dont trois sont en périls d’ailleurs à cause de cette situation.
Il a précisé qu’après les mausolées, les mosquées, les manuscrits anciens et le monument Al Farouk à Tombouctou, le site des Falaises de Bandiagara, couvrant 400.000 hectares et comprend 289 villages a fait l’objet de massacres des communautés et de destruction intentionnelle des biens culturels suite à la crise sécuritaire ces deux dernières années. Selon lui, « c’est pourquoi, l’UNESCO dans le cadre de son Mandat, a inscrit dans ses actions prioritaires, l’appui au gouvernement du Mali à travers le ministère de la Culture de l’Artisanat et du Tourisme, dans la protection, la réhabilitation et la valorisation du patrimoine culturel ». Il a indiqué que la sauvegarde du patrimoine immatériel, ou la protection des biens culturels, contribue partout à soutenir la culture, à valoriser les identités culturelles, et ainsi à renforcer la cohésion sociale et à promouvoir une culture de la paix.
« La mise en œuvre des activités du projet a été émaillée de difficultés de divers ordres, notamment la crise sécuritaire, la crise sanitaire liée à la COVID-19, l’instabilité politique, l’hivernage entre autres », a-t-il déclaré. Avant d’estimer que malgré le contexte particulièrement difficile, des objectifs importants couvrant tout le spectre patrimonial dont traitent les différentes Conventions de l’UNESCO dans ce domaine – de la conservation et la gestion du patrimoine mondial, en passant par la lutte contre le trafic illicite, à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, sans oublier, les actions de conservation et de promotion des manuscrits anciens du Mali, ont été atteints.
Pour sa part, Bart Ouvry, Ambassadeur de la Délégation de l’Union Européenne au Mali, a rappelé que depuis 2014, le Projet a fait un travail remarquable dans la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel, y compris des manuscrits anciens au Mali. Selon lui, le projet est une solidarité de la communauté internationale à destination du Mali. Et, il a estimé qu sa grande joie dans la mise en œuvre de ce projet, ce sont les actions de renforcement des capacités des acteurs locaux dans la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel. Il a témoigné qu’au regard du succès de ce projet, il dépasse aujourd’hui les frontières maliennes. Selon lui, on en parle un peu partout dans le monde.
Mme le ministre a dit merci aux partenaires techniques et financiers du Mali, notamment l’UNESCO et l’Union Européenne, dont les contributions ont abouti à la mise en œuvre et à la réussite du Programme de réhabilitation du patrimoine culturel et de sauvegarde des manuscrits anciens du Mali, suite à l’invasion du nord du pays (Tombouctou, Gao et Kidal) et d’une partie du centre par des groupes armés terroristes en 2012. Selon elle, cette crise a plongé le Mali dans une situation politique, sociale, institutionnelle, sécuritaire et économique sans précédent. « Le patrimoine culturel national, ainsi que le patrimoine mondial, culturel et naturel du Mali ont été fortement touchés dans leurs différentes composantes (matérielles et immatérielles) », a-t-elle déclaré. Avant d’ajouter que « les valeurs sociétales telles la cohésion sociale, le vivre-ensemble, gage de paix et de développement ont été ébranlées ».
Elle a profité de la rencontre pour saluer l’action de la MINUSMA, qui selon elle, a été favorisée par la résolution 2100 des Nations Unies, en faveur de la protection des sites culturels et historiques contre différentes attaques terroristes. Mme le ministre a aussi salué les communautés pour leur mobilisation et leur adhésion à toutes les activités initiées dans le cade de ce Programme. Elle n’a pas oublié les Collectivités territoriales pour leur soutien et appuis multiformes, les autorités administratives, les professionnels et gestionnaires du patrimoine pour leur disponibilité et appui-conseils techniques.
Mme le ministre a salué les remarquables résultats, engrangés par la 2ème phase du programme en termes de reconstruction et de sécurisation des biens culturels, d’entretien des mosquées de Tombouctou, d’aménagement des espaces culturels, de renforcement des capacités des acteurs à la lutte contre le trafic illicite des biens culturels, d’études diagnostiques architecturales et de documentation des biens culturels, de fourniture d’équipements et de matériels de conservation des biens culturels, de conservation physique et numérique des manuscrits anciens, de soutien aux activités culturelles concourant à la lutte contre la pandémie du Coronavirus et à la résilience des communautés.
Selon elle, la mise en œuvre de ces activités a non seulement permis de capitaliser les acquis de la Première Phase dans l’objectif d’une gestion efficiente, mais également d’assurer la pérennité des ressources du patrimoine culturel, facteur de dialogue, de paix et de cohésion sociale, et de cibler des actions de développement socio-économique au bénéfice des communautés mitoyennes ou vivant sur les sites.
Pour cela, elle a est estimé que la réunion du Comité de pilotage doit permettre de faire le point complet sur l’état d’avancement de la deuxième phase du Programme, d’examiner et d’évaluer les activités réalisées ou en cours et de formuler des recommandations pertinentes pour l’atteinte des objectifs du Programme.
Le projet vise à appuyer le Gouvernement malien dans la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel, y compris des manuscrits anciens au Mali ; réhabiliter le patrimoine culturel et pérenniser les travaux des sites reconstruits ; assurer la sauvegarde durable et la valorisation des manuscrits anciens au Mali ; renforcer les capacités des acteurs culturels singulièrement les jeunes, valoriser et diffuser le patrimoine culturel du Mali.
Assane Koné