Marionnettes en Afrique de l’Ouest : Des femmes prennent le contrôle à Bamako

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En Afrique de l’ouest, dans peu de temps, si ce n’est pas déjà fait, l’on pourra voir des femmes nous proposer des spectacles de marionnettes. L’Association Art Marionnette, Musique, Clown, Danse dans nos rues (AMMCDR), sous la houlette de son Président Yacouba Magassouba, vient de boucler la formation réussie de 14 jeunes dames du Mali et de l’Afrique de l’ouest, à l’art de la marionnette.

Quand un rêve devient la réalité, l’on doit avoir la capacité d’apprécier le parcours et l’engagement qui ont permis sa réalisation. Le rêve de Yacouba Magassouba, Directeur de la Compagnie Nama et président de l’Association Art Marionnette, Musique, Clown, Danse dans nos rues (AMMCDR), est devenu réalité depuis le dimanche 18 février 2018. Il avait pris l’engagement d’amener des femmes à pratiquer l’art de la marionnette. Aujourd’hui, c’est chose faite. Grâce à un soutien de l’OIF, la Coopération suisse, l’Institut français du Mali, ACMUR de Ouagadougou et Patrimoine Canada, à travers l’AMMCDR, il est parvenu aujourd’hui à former 14 jeunes dames à la pratique de l’art de la marionnette.

Et, pour convaincre les plus sceptiques de la pertinence de sa démarche, l’Association Art Marionnette, Musique, Clown, Danse dans nos rues (AMMCDR), sous la houlette de son président, a organisé le 18 février 2018, la restitution de la série d’ateliers organisés à l’intention des femmes, afin qu’elles embrassent définitivement l’art de la marionnette.

Banakabougou, le carré de Bittar impression, pratiquement en face de l’hôtel Komoguel I, le 18 février 2018, a connu une animation particulière. Pour une cérémonie prévue à 16 heures 30 minutes, déjà à 14 heures, il était difficile de se frayer un chemin, tant les enfants, les jeunes et souvent même les chefs et mères des familles environnantes, avaient chacun occupé sa position pour bien apprécier le spectacle annoncé.

Tout compte fait, personne n’a voulu qu’on vienne lui conter ce fait exceptionnel : les femmes manipuler des marionnettes qu’elles ont-elles-même fabriqué. Et, ils ont eu raison. Le rendu de l’atelier fut sublime et doit motiver les soutiens financiers à continuer dans cette voie.

Déjà connues pour leur talent, les marionnettes géantes de la Compagnie Nama, lauréat de la médaille de Bronze aux jeux de la Francophonie à Abidjan en 2017, ont tenu en haleine pendant au moins une heure les spectateurs. Elles ont revisité pour les spectateurs maliens et les nombreux invités, une partie de leur spectacle des Jeux de la Francophonie, où sur la musique de Neba Solo, les colosses, dans des pas de danse impressionnant, nous rappelle les belles manifestations dans nos villages au clair de la lune. Et, lorsque c’est du balafon, l’ont ne prie pas les spectateurs à devenir des acteurs du spectacle. Les pas de danse de leur côté s’imposent à eux, dans un élan que seule l’émotion peut produire.

« Vous allez ce soir-là assister à la restitution de la formation ‘’Femmes marionnettistes du Mali et d’Afrique de l’ouest’’ », a indiqué Yacouba Magassouba, pour la circonstance dans le rôle d’un impresario.

Selon lui, durant deux semaines, 14 jeunes dames venues de la Côte d’Ivoire (GASCA d’Adzopé), du Niger (Sannu Sannu de Niamey), du Burkina Faso (Siraba de Bobo-Dioulasso) et du Mali (Mopti, Kayes et Bamako), ont appris à fabriquer et à manipuler les marionnettes. Pour cette formation, en plus de Yacouba Magassouba, les jeunes dames ont bénéficié des connaissances et de l’expérience de Emilie Racine, Emilie Racine, fondatrice et Directrice de la Compagnie « Création vivante » et fondatrice du Collectif PI qui a remporté la médaille d’argent aux jeux de la francophonie 2017, à Abidjan.

« Pour cette formation, nous sommes fixés l’objectif de former des femmes dans le domaine des Arts de la Marionnette, en proposant différentes techniques de fabrication et en mettant de l’avant leur potentiel de création », a-t-il ajouté. Avant de préciser que l’atelier s’est focalisé sur la création et la manipulation de marionnettes de différents types.

En effet, la première semaine de la formation conduite par Yacouba Magassouba, a été mise à profit pour apprendre aux femmes comment fabriquer des marionnettes à tiges et des marionnettes habitées. Pour la deuxième semaine de formation, les 14 jeunes dames ont travaillé à partir de la proposition artistique de Emilie Racine.


« C’est un grand plaisir pour moi d’être ici parmi vous. La dernière semaine a été très riche en expérience et découvertes. J’ai eu la chance de diriger un groupe de femmes exceptionnel. Vous allez voir aujourd’hui deux grandes marionnettes morcelées, appelées Céleste. J’ai apporté une Céleste de Montréal, et l’autre, nous l’avons fabriqué ensemble cette semaine », a indiqué Emilie Racine.

Le premier spectacle que l’on pourrait intituler « Le procès de la violence faite aux femmes », fut apprécier par le public qui a fait le déplace. Chants et complaintes de femmes ont été mis en scène pour dénoncer avec force ce fléau qui a déjà coûté la vie à plusieurs femmes au Mali.

Pour leur rendu d’atelier, les 14 jeunes dames, d’une pierre, ont fait deux coups : montrer qu’elles ont assimilé les leçons de l’atelier et défendre les droits de la femme. Dans une démarche très simple, deux femmes, sous la belle voix de la choriste de l’orchestre Kanaga de Mopti et lauréate du talent de la cité à Mopti en 2017, se plaignent des coups et des tortures subis du fait leur époux. Mais, l’une d’elle décide de rompre le silence et de porter l’affaire devant les sages du village. Et, du coup le spectacle pris l’allure d’un procès, chanté et dansé par des marionnettes.

Le deuxième spectacle, pourrait être résumé par l’amour, la rencontre. Douze jeunes dames, chacune munit d’une partie du corps de la marionnette dénommée céleste, dans un mouvement d’ensemble, vont amener les deux marionnettes à exprimer des émotions. Chaque marionnette est composée de composée de 6 morceaux. Ce sont : 2 jambes, 2 mains, Une taille et une grande fleur et une tête.

La Céleste venue de Montréal et la céleste fabriquée à Bamako, traduise dans un jeu de marionnette, la rencontre, la rencontre entre deux amoureux, la rencontre entre deux amies, la rencontre entre deux artistes comme celle qui a réuni Emilie Racine du canada et Yacouba Magassouba du Mali.

En tout cas le spectacle fut beau. Tellement beau que Yacouba Magassouba a donné rendez-vous à tout le monde pour le jeudi 22 février 2018, aux environs de 16 heures, au niveau de la station Shell de Magnabougou, pour la parade de l’ouverture du Festival Rendez-vous chez vous à Bamako. Mieux, il a annoncé que le spectacle sera repris le vendredi 23 février 2018, à 17 heures à l’Institut français du Mali.

Assane Koné

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