Journée des professeurs de français : La Compagnie Nama éblouit l’Institut français du Mali

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Déjà engagée dans un processus de recherche/action pour ses créations, la Compagnie Nama pourrait être au centre d’une grande collaboration qui vise à enseigner la langue française à travers les marionnettes.

Auréolée par sa participation à la dernière édition du Marché des Arts, du spectacle d’Abidjan (MASA 2018), dans la catégorie des arts de la rue, la Compagnie Nama était à l’honneur le 24 mars 2018, à l’Institut Français de Bamako. Dans le cadre de la célébration de la journée des professeurs de français, le Centre des langues de l’Institut français du Mali, a invité la Compagnie Nama pour donner une note particulière à cette journée d’échanges pédagogiques qui vise à célébrer l’enseignant de la langue française.

Dans le cadre de la journée d’échanges pédagogiques qui a regroupé les professeurs de français, l’Institut français de Bamako a connu une animation particulière. La Compagnie Nama, dirigée par Yacouba Magassouba, dans une prestation bien appréciée par les professeurs de français, a apporté une valeur ajouté à cette journée qui a célébré l’enseignant de la langue française au Mali.

« L’Amitié, solidarité et diversité », le spectacle de la Compagnie Nama qui a remporté le 27 juillet 2017, la médaille de bronze dans la catégorie marionnettes géantes, lors des jeux de la Francophonie « Abidjan 2017 », émerveillé les professeurs de français.

La cour intérieure de l’Institut français du Mali, pour peu, a failli être petite, pour les quatre marionnettes géantes déployées par la compagnie Nama. Mais, déjà bien rodés, les marionnettistes ont su faire preuve de professionnalisme et adapté leurs mouvements à l’espace, sans dénaturer la prestation.

Une prestation des marionnettes géantes

Pour son spectacle « L’Amitié, solidarité et diversité » qui dure 25 minutes, la Compagnie Nama met en scène quatre ethnies du Mali : Bambara, Senoufo, Dogon et Sonrhaï. Ce spectacle, en cette période très cruciale pour notre pays, est un véritable hymne à la cohésion sociale, à la paix et à la réconciliation.

Malgré leur différence, les différentes ethnies ou communautés du Mali, unies par des liens immémoriaux, ont de tout temps partagé, ensemble, leurs moments de peines, de douleurs et de bonheurs. De façon individuelle ou de façon collective, cela a été intelligemment mis en scène par la Compagnie Nama. Dans un jeu dynamique de marionnettes, où la chorégraphie, la danse, la poésie et la musique, rivalisent d’ardeur pour embarquer le spectateur dans une immersion émotive, à travers le spectacle « L’Amitié, solidarité et diversité », la Compagnie Nama révèle tout son talent.

Des vérités aussi encrées dans la conscience populaire comme « c’est dans la souffrance profonde que l’on reconnait ses véritables », ou encore « l’amitié est faite d’amour, de tendresse, de respect, de patience, de discrétion, de bienveillance, de présence à côté de l’autre et de respect de soi », sont rappelées avec une approche pédagogique qui n’a pas laissé indifférents les professeurs de français.

Et, comme en guise de conseil, il est rappelé dans ce spectacle que « Les vrais amis sont ceux ou celles, sur qui on peut compter quand notre bateau est en train de couler, même en pleine nuit ». Et, dans un jeu de marionnettes qui le laissent clairement paraître par le mouvement des bras qu’elles enlacent autour des unes et des autres, il est dit que : « C’est souvent dans l’amitié que se trouvent les bras du réconfort les plus chaleureux ».

En plus de leur taille, les marionnettes géantes de la Compagnie Nama sont impressionnantes par leur esthétique. Et, pour ce spectacle, pour qui connaît les différentes ethnies du Mali, l’on comprend aisément que chacune des quatre marionnettes présente l’une des quatre ethnies : Bambara, Senoufo, Dogon et Sonrhaï.

Le niveau du spectacle est fortement rehaussé par la musique qui a bénéficié de la touche particulière de l’ivoirien Hamed Fofana. Cette musique qui s’inspire fortement du mythique balafon, impose un rythme soutenu auquel les marionnettistes ne peuvent se dérober. Et, a même tendance à embraquer le spectateur dans des pas frénétiques.

Monté autour d’un texte de Ombotimbé Boukary, l’intelligence de la Compagnie Nama a été de faire appel à des maîtres de la voix pour le dire dans les différentes langues. Et, comme ces maîtres de la parole ont une diction exceptionnelle, nous sommes souvent face à des déclamations poétiques.

Excellente danseuse devant l’éternel, Bibata Maïga, en plus d’un bout de champ, loue les valeurs exceptionnelles de l’amitié en sonrhaï. Lamissa Traoré, plus connu du côté de Bamako, comme comédien et acteur de cinéma, pour son célèbre rôle de Biton, dans les Roi de Ségou, a été mis à contribution pour la reprise du texte en Sénoufo.

Mama Koné, metteuse en scène, et Ombotimbé Boukary, ont été respectivement sollicitée, pour les paroles en bambara, en dogon et français. Dans toutes ces langues les valeurs de l’amitié ont été louées. Et, le fait d’associer le jeu du public au jeu des marionnettes, dans la mise en scène, met un accent particulier sur cette cohésion sociale, tant recherchée pour aller rapidement à la paix et la réconciliation.

L’IFM découvre le spectacle d’Abidjan

« Notre spectacle porte sur l’amitié sincère qui se traduit par un jeu de marionnettes qui fait que les ethnies mises en scène lancent un appel dans tous les quatre points cardinaux, afin que tous les humains préservent les valeurs de l’amitié, de la solidarité et de la diversité, qui restent des liens si précieux pour notre existence », a indiqué Yacouba Magassouba, directeur de la compagnie NAMA. Selon lui, pour recoudre le beau pagne de l’Afrique et du reste du monde, déchiré par la haine, par les guerres, le terrorisme, l’immigration, l’amitié devient un privilège qu’il nous faut choyer, le temps que la relation fait partie de notre vie. « L’amitié rend la vie plus belle, le fardeau moins lourd, le bonheur multiplié », a-t-il déclaré.

Nous pensons qu’en plus de la beauté du texte, du jeu des marionnettes et de la lecture qui a été faite, le tout rythmé par le son du balafon mythique qui nous rappelle la fête dans un village Sénoufo, le message de la consolidation de l’amitié, reste une force de ce spectacle.

« Nous n’avons pas du tout été déçu par cette prestation. On s’attendait à voir la Compagnie Nama dans ses grands jours et on la vu. Et, nous sommes heureux de voir que tous les enseignants de la langue française, ici présents, ont apprécié le spectacle », a indiqué Christelle Mignot, Directrice du Centre de langues de l’Institut français du Mali. Mieux, elle a indiqué qu’il reste maintenant à mettre en place une collaboration avec la Compagnie Nama pour l’enseignement de langue française à travers la marionnette.

Assane Koné

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